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RéPONSes

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Sur la liberté académique 

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Par les rédacteurs du Manifeste des 100, 2 novembre 2020

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Il semble que les demandes à l'adresse du ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, que nous avons formulées à la fin de notre manifeste dans Le Monde de ce week-end sur le déni universitaire face à l'islamisme, ont été mal interprétées par certains. Nous avons simplement proposé de mettre en place une instance analogue au "Conseil des sages de la laïcité" tel que Blanquer l'a créé pour l'Education nationale, chargé de centraliser les informations relatives aux atteintes à la laïcité, et de proposer un guide de réponses adaptées (et il ne s'agit bien sûr pas ici de soutenir l'action de Blanquer en général, ce qui n'est pas notre propos).

 

 L'intérêt de ce type de dispositifs est de court-circuiter la voie hiérarchique, dont nous savons tous à quel point, en privilégiant le souci de ne "pas faire de vagues", elle tend à étouffer les problèmes, enfermant ainsi les enseignants dans le déni et l'impuissance. Et de ce point de vue, il est fort à craindre que la médiation par les présidents d'universités, via les "référents laïcité", ne soit guère plus efficace que la médiation par les directeurs d'établissements scolaires.

 

Il n'y a donc rien là qui puisse attenter à la "liberté académique": d'abord parce qu'il n'y aurait aucune obligation, ni de signalement (libre aux enseignants de faire ou non remonter l'information), ni d'application du protocole préconisé ; ensuite parce qu'il s'agirait de signaler non pas des contenus académiques mais des attitudes (menaces, pressions...) qui entravent l'expression de certains contenus. Ce serait simplement d'un outil au service des enseignants soucieux de faire respecter les règles académiques, et notamment cette liberté qui nous est chère.

 

L'on peut regretter à ce propos que ceux qui voient immédiatement la paille dans l'oeil du pouvoir, présumé ennemi de notre liberté d'enseignants et de chercheurs, soient aussi aveugles face à la poutre que représente l'emprise militante dans nos amphis, salles de cours et séminaires, qui tend à dicter sa loi en prétendant interdire telle conférence et, surtout, imposer telle problématique ou tel vocabulaire. Nous craignons qu'une vieille culture libertaire n'aveugle certains sur ce qui, aujourd'hui, menace notre liberté académique beaucoup plus sûrement que l'emprise de l'Etat : à savoir l'emprise des idéologies.

 

Permettez-nous pour finir de préciser que, soucieux de faire barrage à ces nouvelles menaces, certains d'entre nous ont créé un groupe de réflexion sur la liberté académique et travaillent à une charte qui permettra, nous l'espérons, de faire modifier la loi de façon à mieux nous protéger. Il y est notamment question de la nécessaire distinction entre liberté académique et liberté d'expression, que beaucoup semblent ne pas maîtriser - dont certains détracteurs de notre tribune, qui se présentent comme de valeureux défenseurs de la liberté académique alors qu'ils laissent un boulevard à ceux qui la piétinent.

 

Nous espérons vous avoir ainsi rassurés sur le souci que nous portons à la liberté académique, et avoir dissipé les malentendus sur ce que nous préconisons dans ce manifeste. Mais en cas de doute, nous répondrons bien sûr volontiers à vos questions ou objections.

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Quant à ceux qui auraient des doutes sur la réalité des faits auxquels nous faisons référence dans notre manifeste (et dont nous n'avions évidemment pas la place de faire la liste), nous vous invitons à consulter les références postées sous l'onglet "preuves à l'appui" ci-dessus. Ceux d'entre vous qui le souhaitent peuvent nous signaler d'autres exemples dont ils ont connaissance et que nous ajouterons à cette liste. 

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Sur l'âge de certains signataires

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Par les rédacteurs du Manifeste des 100, 3 novembre 2020

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Certains commentateurs de notre manifeste - pas forcément bienveillants... - ont remarqué qu'il y avait certains retraités parmi les signataires. Sans forcément présumer qu'ils cèdent ainsi à une forme de "gérontophobie", nous leur répondons ceci:

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(1)     La moyenne d'âge augmente forcément avec l'expérience et la maturité: il y a quelques raisons de faire davantage confiance à des professeurs d'université et à des directeurs de recherche (très représentés dans notre tribune) qu'à des doctorants (qui semblent très présents dans certaines contre-tribunes et pétitions contre notre manifeste, et où il est pris bien soin d'éviter d'indiquer les fonctions des signataires).

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(2)    Il est clair que beaucoup de jeunes universitaires n'ont aucun intérêt à signer une tribune qui risquerait de mettre en danger leur carrière étant donné la mentalité qui règne dans bien des commissions universitaires. Nul besoin d'avoir personnellement connu les années staliniennes pour l'imaginer.

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(3)     Le clivage qui s'est ouvert à l'occasion de notre manifeste reflète clairement un conflit générationnel: la génération des soixante-huitards et post-soixante-huitards tente de s'opposer à de nouvelles formes de militantisme qui heurtent frontalement ses idéaux, et trahissent en outre une grave méconnaissance de l'histoire. Faut-il nous reprocher de défendre nos valeurs progressistes (universalisme, laïcité, autonomie du savoir...) contre l'emprise d'idéologies qui flirtent avec le racisme et le totalitarisme, même si elles se présentent comme l'avant-garde du progressisme ?

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À un collègue mécontent

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Par les rédacteurs du Manifeste des 100, 4 novembre 2020

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(1)      Vous accusez notre manifeste de souffrir "d'imprécisions irrémédiables": 

 

Certes, sur des sujets aussi complexes, plusieurs articles de revue seraient nécessaires pour lever toutes les ambiguïtés. Vous semblez ignorer que les tribunes dans la presse ont des contraintes de taille et de lisibilité qui ne permettent pas de répondre aux impératifs de rigueur scientifique requis dans nos travaux de recherche. Si un critère majeur de pertinence d'une pensée est de tenir compte du contexte, avouez que votre critique en manque singulièrement.

 

(2)    Vous semblez considérer comme acquis qu'il serait impossible de faire la différence entre science et idéologies, et que notre ministre n'aurait donc pas à défendre la première contre les secondes :

 

Il nous semble que vous ignorez ainsi de très nombreux travaux d'épistémologie sur les critères qui permettent d'assurer la spécificité du savoir par rapport à l'opinion, même si la frontière entre les deux est parfois poreuse (ce qui est le propre de toute frontière entre catégories, mais n'en annule pas pour autant l'existence de catégories distinctes). 

 

Vous pourriez lire sur ce point décisif quelques travaux d'épistémologues sur la différence énonciative entre expertise et opinion, et sur la neutralité axiologique. 

 

Par ailleurs, en niant la différence entre science et idéologie, vous sciez la branche sur laquelle nous sommes tous assis - car comment justifier d'être payés chaque mois par l'État si ce n'est que pour proclamer nos opinions personnelles, nos convictions et nos croyances? Nous croyions que les démagogies post-modernes n'étaient plus en vogue que sur les plus retardataires des campus américains ?

 

(3)      Vous nous reprochez de confondre "liberté académique" et "liberté d'expression", et semblez sous-entendre que nous serions ignorants de la différence entre les deux :

 

Mais là encore, le cadre restreint de ce manifeste ne nous permettait évidemment pas de préciser les choses, d'autant que les meilleurs spécialistes ne sont pas d'accord entre eux sur la nature de cette différence : certains penchent pour une différence ontologique entre les deux, d'autres pour une inclusion de la liberté académique dans la liberté d'expression. 

 

Sachez en tout cas que certains d'entre nous plaidons pour une suppression de toute référence à la liberté d'expression dans les textes relatifs à la liberté académique. 

 

(4)     Vous nous reprochez de sous-entendre que les universitaires islamogauchistes seraient responsables de la mort de Samuel Paty :

 

Nous craignons que vous ne sous-estimiez décidément l'intelligence de vos adversaires! Pour cela vous faites une équivalence entre le "conditionnement" de l'assassin évoqué oralement par le ministre Blanquer, et le "sens causal ordinaire" de "condition", ce qui vous permet de nous imputer l'idiotie consistant à affirmer une "responsabilité causale" des discours des universitaires dans l'acte commis par l'assassin - ce qui, selon vous, devrait nous valoir les tribunaux afin de déterminer la "tangibilité" des preuves d'une telle accusation. Ce faisant vous commettez un double sophisme : passer de "conditionnement" à "condition" au sens de "cause", et considérer la notion de "causalité" dans son sens mécanique tel qu'il a cours dans les sciences de la nature. Ignorez-vous donc que la notion de causalité dans les sciences de l'homme est assez différente, laissant la place à des causalités multiples, indécidables, relevant de l'explication par des causes extérieures ou de la compréhension par les raisons des acteurs - etc.? Votre hypothèse, dans le contexte où vous la formulez, est à la fois absurde et basée sur une apparence de raisonnement scientifique. Ce procédé relève typiquement, me semble-t-il, de ce que l'on nomme un sophisme.

 

(5)     Vous estimez qu'au nom de la liberté académique, un universitaire a parfaitement le droit d'inviter dans son cours Houria Bouteldja, co-fondatrice et porte-parole du Parti des Indigènes de la République :

 

A nos yeux cet universitaire serait soit stupide, soit pervers, soit démagogue - ou les trois - mais serait en tout cas un très mauvais enseignant. 

 

Tout d'abord en effet, on n'a nul besoin d'inviter en personne les porteurs des discours que l'on étudie, ne serait-ce que parce que l'on se prive ainsi de prendre en compte le contexte réel dans lequel ils les ont tenus : les sociologues, les politistes, les anthropologues, les historiens savent fort bien procéder à des analyses de discours en l'absence de leurs énonciateurs - et heureusement pour l'avancement de nos connaissances! 

 

En outre il fournirait ainsi une tribune, en même temps qu'une caution académique, à un discours porteur d'une idéologie sanctionnée par la loi (raciste, antisémite et homophobe), se rendant ainsi objectivement complice de son auteur. 

 

Apparemment nous n'avons pas la même conception de ce que doit être la pédagogie et, au-delà, la déontologie de l'enseignant.

 

(6)     Quant à votre accusation de "laisser planer le doute" sur ce que nous entendons par "islamogauchisme", nous ne pouvons que vous renvoyer, d'une part, à notre premier point (ce n'est pas le lieu d'une tribune de développer de longues analyses) ; d'autre part, à l'excellent ouvrage de Pierre-André Taguieff, L'imposture décoloniale ; et enfin, aux exemples que nous donnons dans le site de notre manifeste, à la rubrique "Preuves à l'appui": vous y trouverez un certain nombre d'exemples assez parlants, que nous vous laissons méditer.

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Quelques faits 

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Par Pierre-Henri Tavoillot, 4 novembre 2020

 

Il me semble que le texte du manifeste peut tout à fait vous rassurer sauf à y lire ce qui n’est pas écrit.

 

« Nous demandons donc à la ministre de mettre en place des mesures de détection des dérives islamistes, de prendre clairement position contre les idéologies qui les sous-tendent, et d’engager nos universités dans ce combat pour la laïcité et la République en créant une instance chargée de faire remonter directement les cas d’atteinte aux principes républicains et à la liberté académique. Et d’élaborer un guide de réponses adaptées, comme cela a été fait pour l’éducation nationale. »

 

Vous pouvez penser qu’il n’y a pas d’idéologie derrière l’islamisme (et qu’il s’agit seulement d’une réaction justifiée à une oppression occidentale) ; je pense et je l’ai écrit (voir la philosophie politique de l’EI) qu’il y en a une et qu’elle monte à l’université aussi, comme l’a pu me le révéler des réactions (pas seulement d’étudiants) négatives, voire menaçantes lorsque j’ai créé le DU laïcité à La Sorbonne. Je comprends que vous ne puissiez pas « voir » cela, mais je pense qu’il faut y être aujourd’hui très vigilant parce que nous ne l’avons pas été précédemment dans le secondaire (et j’étais très bien placé pour voir que rien n’a été fait). Je vous le dis : ce qui est arrivé à Conflans Saint-Honorine est ce que je souhaitais absolument éviter en créant le Diplôme laïcité à La Sorbonne. Je ne veux pas qu’on refasse la même erreur et je souhaite qu’il existe une instance à qui l’on puisse s’adresser dans ce genre de situation. Le Président de Paris I a été contraint d’annuler une formation sur la laïcité dans son université interdisant à un intervenant de participer (et ce, avec le soutien d’une pétition de chers collègues l’accusant d’islamophobie).

 

Ce sont des faits que vous ignorez sans doute mais qui m’ont invité à la grande prudence pour ma propre formation. Et à solliciter le soutien de mon président qui me l’a assuré. 

 

Enfin je suis sidéré par la promptitude d’une bonne partie de mes collègues à réagir à au manifeste des 100 au lieu de réfléchir à la manière d’agir contre l’islamisme. Cette réaction-là me conforte dans la voie que je vais poursuivre en me méfiant désormais non seulement de nos ennemis mais aussi de certains de mes « amis ».

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Sur la priorité de la menace 

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Par Pierre-Henri Tavoillot, 5 novembre 2020

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J'avoue avoir été exaspéré hier par un certain nombre d'échanges (qui avaient lieu parallèlement) à propos de la « querelle des tribunes » des universitaires. 

 

Si je reprends les choses plus calmement ce matin, j'identifie ainsi le nœud de la divergence (entre les personnes de bonne foi). C'est une divergence classique de diagnostic sur la priorité de la menace. 

 

Qu'est-ce qui menace le plus la « liberté académique » aujourd'hui ? Est-ce l'État toujours tenté par une dérive autoritaire ou est-ce la montée en puissance de l'idéologie islamiste ? Pour le dire de manière moins impartiale : Est-il plus urgent pour les universitaires de lutter (i) contre l'islamisme ou (ii) contre les universitaires qui tentent d'éviter dans l'université ce qui se passe actuellement dans le secondaire ? Chacun pourra choisir sa priorité en son âme et conscience. J'ai choisi la mienne. 

 

Mais le débat concerne aussi des personnes de beaucoup moins bonne foi. Contrairement à ce qui est dit ici ou là, l'islamo-gauchisme est aisé à définir. C'est la position qui considère que, l'islam étant la « religion des opprimés », le gauchisme peut ici reléguer son aversion du religieux. La révolte islamiste est une « divine surprise » qui permet de pallier la tendance devenue réactionnaire ou conservatrice du prolétariat européen (qui soit se contente de « défendre les acquis sociaux » = conservatisme, soit vote RN = réactionnaire). Avec un tel prolétariat : plus de révolution possible ! Donc il est urgent d'importer un prolétariat actif et révolutionnaire (d'où la position « open borders » de l'islamo-gauchisme) afin de pourvoir surfer sur cette vague pour détruire la pseudo-démocratie libérale et l'affreux système capitaliste. L'islamisme est donc une bonne nouvelle.

 

Il est d'ailleurs, au fond, une pure et simple réaction de défense (légitime) face à un impérialisme occidental hypocrite qui prétend imposer son « idéologie des droits de l'homme » dans le monde entier, à coup de canon.

 

Tel est le raisonnement (ou du moins sa logique)

 

Il convient donc de faciliter la force déstabilisatrice de l'idéologie islamiste, alliée objectif de lutte (bien sûr au nom de la liberté d'expression ici dévoyée) et de l'immuniser contre toute tentative de réaction de défense. Donc, oui, l'islamogauchisme n'est pas un ami de la République.

 

Mais comme il reste, dans sa force radicale, minoritaire dans l'opinion publique (bien que surreprésenté ailleurs), le meilleur moyen (comme d'habitude) de rallier à lui les modérés et timorés est de qualifier de « fascistes », « islamophobes » et « maccarthystes » ceux qui voudraient s'y opposer. 

 

Voilà ma lecture, je vous la livre avec franchise.

 

Maintenant chacun prend, comme on dit, ses responsabilités, mène son combat, et on refait le point dans cinq ans.

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L'idéologie, comme l'amour, ça rend aveugle : réponse à Jocelyne Streiff-Fénart et à l'URMIS

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Par Vincent Tournier, 16 novembre 2020

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Dans un texte intitulé « Par quoi l’Université est-elle menacée ? » (lien ici), l’ancienne directrice de l’URMIS (Unité de recherches Migrations et société)Jocelyne Streiff-Fénart considère que « la sortie de Jean-Michel Blanquer sur l’islamo-gauchisme » ainsi que « la consternante tribune des cent » ne sont qu’une énième accusation lancée contre les sciences sociales dans le but de saper la légitimité de leur travail. 

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Réfutant ce qu’elle considère comme une « conception nationaliste de l’enseignement universitaire » (puisque l’objectif est de transmettre des valeurs et de préserver un héritage), elle considère au contraire que le rôle des sciences sociales consiste « à transmettre des connaissances fondées sur des enquêtes et à les faire progresser en les mettant en débat, à forger de nouveaux concepts (dont « racisme d’état », « privilège blanc », « colonialité du pouvoir ») pour rendre compte des évolutions en cours dans les sociétés et à les soumettre à la critique des pairs, y compris sous forme d’oppositions parfois polémiques au sens universitaire de la disputatio ».

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Cette approche pourrait être recevable si les concepts évoqués ici n’étaient pas précisément ceux qui caractérisent les nouvelles idéologies en plein essor sur les campus. Car qu’est-ce que le « racisme d’Etat », le « privilège blanc » ou la « colonialité du pouvoir », sinon les marqueurs d’une pensée qui, en contradiction avec la pétition de principe souhaitée par l’auteur, constituent le cœur d’une vision spéculative et dénonciatrice de la société française contemporaine, marquée précisément par le refus de se soumettre à l’analyse empirique et objective ? Tous les concepts cités ont en effet un triste point commun : non seulement ils n’ont jamais fait l’objet d’une démonstration rigoureuse, mais de plus ils se situent à un degré tellement élevé de généralité qu’ils en deviennent irrécusables. 

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La suite du texte ne fait malheureusement que confirmer cet enfermement de l’auteur dans sa tour d’ivoire idéologique, faisant s’effondrer l’alibi d’une approche objectivante. Lorsque l’auteur énumère ce qui constitue selon elle les grands acquis des sciences sociales contemporaines, on y retrouve tout le prêt-à-penser décolonial, jusque dans la rhétorique conceptuelle : l’idée que les discriminations et « l’essentialisation des catégories ethniques » sont omniprésentes ; le caractère systémique du racisme dans la police, le logement ou l’école (ah bon, même l’école serait foncièrement raciste ?) ; le poids de l’héritage colonial ; les processus d’assignation identitaire à partir de la race ; ou encore le recoupement entre la race et la hiérarchie sociale. 

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La réponse de Jocelyne Streiff-Fénart laisse donc pantois. D’un côté, l’auteur défend une science neutre, débarrassée de toute valeur (comme si c’était possible en sciences sociales), mais de l’autre elle affiche sans complexe son adhésion à un programme politique qui n’a plus rien à voir avec l’analyse empirique. Pire : alors qu’elle entend certifier que l’islamo-gauchisme est une pure invention malveillante destinée à saper la véritable recherche universitaire, elle proclame haut et fort son attachement à tout ce qui caractérise ledit islamo-gauchisme, dans lequel on comprend qu’elle voit un noble projet au service de l’émancipation des minorités opprimées. 

A ce niveau-là de contradiction, on hésite entre la mauvaise foi et l’aveuglement, et on s’inquiète surtout d’une pensée qui est manifestement incapable de s’extraire de ses valeurs au point de renier ses propres idéaux, le tout sans être effleurée par le doute. 

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Le pire est que ce texte a été salué et approuvé par une partie de l’équipe actuelle de l’URMIS puisque Swanie Potot, sa directrice actuelle, explique en guise de préface que le propos de Jocelyne Streif-Fénart « reflète la position d’un certain nombre de membres de l’Urmis. Merci à elle ! ». Cette approbation en dit long sur l’état inquiétant d’une partie des sciences sociales.

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Brèves remarques suscitées par la tribune publiée en réponse au manifeste des 100 dans le journal Le Monde le 6 novembre 2020

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Par Edith Fuchs, 21 novembre 2020

 

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La violence des attaques, souvent fort insultantes, formulées à l'encontre du "Manifeste des 100" est telle qu'il paraît improbable d'ébrécher le portrait à charge que proposent contradicteurs et adversaires.

 

Mais puisque j'ai signé ce Manifeste sans du tout m'apercevoir que je suis favorable à une police de la pensée toute "maccarthyste" :  honneur oblige !

 

Le manifeste des 100 soutient le ministre de l’Éducation nationale, non sur l'ensemble de sa politique mais sur sa dénonciation des « ravages » faits par l’islamo-gauchisme à l’université. 

 

La République française est la seule sous le soleil à se proclamer laïque, ce qui indigne fortement, de par le monde entier, à la fois les adeptes de la tolérance ouverte au "multiculturalisme" et les régimes et moeurs intolérants.

 

Même en France, un haut dignitaire catholique a très récemment déclaré qu' "il ne faut pas blesser les convictions religieuses".

 

Il ne paraît pas vain de relire un article très clair de Bernard Sève (n°58 du Débat pp 50-56) qui rappelle qu'aucune contrainte n'oblige quiconque à voir un film, une pièce d'Eschyle, à lire un livre ou un journal. Bernard Sève écrit : « le pluralisme consiste à savoir et à accepter que d'autres discours que le mien existent et que ces discours heurteront le mien. Le conflit pluraliste suppose qu'on renonce à exhiber sa sensibilitécomme ultima ratio ». La question théorique autant qu'existentielle des rapports entre raison et sensibilité n'est pas du tout en jeu mais quoi qu'il en soit, on peut toujours relire Spinoza avec profit.

 

 Le Manifeste demande donc que soient étendues aux universités et instituts de recherche les mesures qui existent déjà dans l'Éducation nationale pour que la laïcité, et partant, le pluralisme de la pensée, ne soient pas empêchés - ni par obstruction, ni par contrainte manifestes. Tout enseignant du primaire et du secondaire peut décider d'appeler un médiateur académique ou ministériel à l'aide s'il n'est pas parvenu à faire cesser les empêchements.  Parallèlement, le signalement d'obstruction ou menace donne lieu à des tentatives d'apaisement et de dialogue par des médiateurs (nommés "référents laïcité" ou autrement) : il s'agit alors de rappeler le cadre juridique existant qui précise les droits et obligations de l'enseignant et des parents d'élèves[1]. Il arrive évidemment que de telles tentatives échouent.

 

Ainsi, tout ce qui concerne la laïcité et avec elle, le libre débat, fait l'objet, depuis au moins 2004, d'efforts publics divers destinés à la préserver dans toutes les institutions publiques, qu'il s'agisse des hôpitaux ou de l'Éducation nationale.

 

 On voit mal comment, en quelques heures, les "2000" et plus ont pu en toute bonne foi comprendre que nous demandions une "police de la pensée" instituant la délation et la censure. 

 

Outre que la différence entre laïcité et tolérance est souvent mal comprise, on imagine bien que les universitaires à l'étranger ignorent tout des mesures prises dans les collèges et lycées français. Toutefois, la "Tribune des 2000" est signée de beaucoup d'universitaires français : il est étrange que ces derniers n'aient apparemment pas compris que nous demandions, répétons-le, pour l'enseignement supérieur, rien qui n'existe depuis fort longtemps dans les institutions de l'enseignement obligatoire.

 

De deux choses l'une : ou bien ils en ignorent tout et Il n'eût en ce cas pas été contraire à l'honnêteté de se renseigner avant de lever les boucliers ; ou bien les initiatives publiques qui existent depuis au moins 2004 leur sont connues : comment comprendre alors qu'ils n'aient pas depuis longtemps ardemment protesté ? 

 

Il est dès lors difficile de ne pas conclure que seules leur importent les universités et si nous avons bien entendu notre collègue de Rouen, porte -parole de la "Tribune des 2000" lors de l'échange diffusé par France Culture le 15/11, les sciences sociales et les démarches d'intersectionnalité - ce qui est sous-entend que selon eux, la police de la pensée peut bien, en toute indifférence, régner dans les lycées...  

 

[1] Voir par exemple le Vademecum élaboré par le "Conseil des sages de la Laïcité" dont le maître d'oeuvre est Dominique Schnapper. 

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Sur la liberté académique
Sur l'âge de certains signataires
A un collègue mécontent de notre manifeste
Quelques faits
Sur la priorité de la menace
Réponse à J. Streiff-Fénart et à l'URMIS
Réponse à la contre-tribune du 6 novembre 2020
Op-ed in response published on OpenDemocracy

Open Letter: A réponse from the '100' French scholars (published by OpenDemocracy.net on 25 November 2020, link here)

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By Andreas Bikfalvi And Co-Signatories

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We want to reply to the open letter written by academics from mostly English-speaking universities that was published by OpenDemocracy,* and which was in turn a response to the open manifesto we published in Le Monde (2 November 2020), supporting the statements made by Jean-Michel Blanquer, the Secretary of Education (“Ministre de l’Education Nationale”) in the Macron government.  Blanquer had pointed to the development of certain dominant ideological positions in French Academia that ultimately undermine the universal ideals that are fundamental to the French Educational System as well as to the country and that encroach upon any given University's obligation to deliver knowledge and quality research. We take this opportunity, not only to defend our arguments, but to address the ideological attitudes as well as the implicit and explicit mischaracterizations of our manifesto. Overall, we want to describe how the open letter provides a very biased and misleading view of our text.

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We begin by pointing out that our manifesto was signed by scores of prominent academics who represent multiple disciplines so, to start off, we point out that the patronizing attitude of the Open Letter was wholly inappropriate and off-putting. The debate that we aimed to engage in, by issuing our manifesto, is not between right and left. Rather, it is between those, on one side, who trust in universalism and believe that the bonds of a nation, if not a civilization, are primarily expressed through its shared values and those, on the other side, who view society as a collection of antagonistic groups – defined on the basis of sex, gender-identity, sexuality, ethnicity and even skin colour (what some even call “race”) – that determines all power-driven relations. We are on the side of those who defend universalist values and we thereby reject the claims made by those who signed the Open Letter who, in our view, fracture society by breaking it down into an ever-increasing number of often-grievance-driven subgroups. In what follows, the signatories of this letter present a detailed rebuttal, with each section focusing on a claim made against us and our manifesto.

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In what follows, the signatories of this letter present a detailed rebuttal, with each section focusing on a claim made against us and our manifesto.

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Point 1: “At a time of mounting racism, white supremacism, antisemitism and violent far-right extremism, academic freedom has come under attack. The freedom to teach and research the roots and trajectories of race and racism are being perversely blamed for the very phenomena they seek to better understand.”

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Reply: We find this statement not only curious but false. It is false because it leaves the impression that we are back in the 1930's and that white supremacist organizations and violent far-right extremists are threateningly roaming the streets. Nothing in the legislative debate or in the organization of western societies reflects such a narrative. True, there might be some right-wing movements in several western countries but there is no violent far-right extremism in the streets, at least not in France. While there have been exceptions to this general assertion with respect to other European countries, such as the Anders Breivik attacks in Norway or the appearance of organizations such as the AFD in Germany, these are far from being leading movements. We agree that political polarization may bolster such extremist groups, but we also argue that such polarization occurs mostly as a response to (both left- and right-wing) identitarians. There lies the danger because, while everyone is pointing fingers at each other, the source of violent extremism in our country is currently coming from another place entirely, bringing along with it an increasing death toll among our citizens. That is, France has seen more than 300 of its citizens killed in the past few years and this fact has nothing to do with identity politics.

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We also find it deeply concerning that the signatories of the letter should state that (through the appearance of our manifesto) academic freedom is under attack. In our manifesto, we simply mention highly contentious aspects of social activism that are at the heart of scholarship in the social sciences and that even invade STEM research, where they should have no place at all. Several of us have extensively analyzed the theories that are attached to this activism and point out how they foster a divisive social environment. The scientific value of these theories is furthermore highly contestable. Take post-colonial theory, which stands out as an example.

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From a purely scholarly and intellectual standpoint, the post- or de-colonial movement is a sham. It is not a school of thought per se. There is no actual theorizing involved in its assertions. There cannot be a post- or de-colonial theory since it is not grounded in a scholarly corpus of concepts, intelligible procedures and hypotheses. A theory must exhibit a number of features to be legitimately called scientific or scholarly. It must have predictive value, internal consistency, testability which includes falsification criteria. None of the above-mentioned features is present in post-colonial theory. That is, they have a pre-determined answer for all the topics they talk about which adds up to a classic case of myside bias. For example, the legacy of the Atlantic slave trade and European colonialism is supposed to be at the root of ‘systemic racism’, ie ‘white’ racism in contemporary western societies. In the meantime, there are two significant elements missing in this simplistic claim — African slave trade and Arab-Muslim slave trade. Such blind spots invalidate their positions and actually betray their ideological bias. Adhering to a self-verifying principle alone is by itself insufficient since it introduces significant bias. Historical indictment is not an investigative method; it only generates a set of beliefs and accusations. As a matter of fact, post-colonial ‘studies’ do not so much study as produce texts with a political agenda; in the meantime, it creates a perception of the West as fundamentally guilty, thereby weakening its legitimacy and political clout.

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Point 2: This claim is deeply disingenuous, and in a context where academics associated with critical race and decolonial research have recently received death threats, it is also profoundly dangerous.

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Reply: This is another claim that ignores some general truths. From our perspective, the most pernicious threats have been issued from the antagonist-activists side. We remind the reader that cancel culture and de-platforming is rampant in North American and British universities! A full list of cancelled events and individuals can be found here. We should not have to point out how massive pressure is consistently exerted on US and UK universities to rename their departments or to remove their statues. We remind the signatories of the open letter that activist groups threaten the teaching of the Western canon in universities (which translates into no Shakespeare or Proust). We remind them of the attack on art and music. We remind them of the incursion of activist theory on the sciences and biomedicine. We remind them of the problems encountered when teaching “divisive” subjects such as sex differences or evolution. We point out that many academic institutions and companies are falling into the virtue-signalling trap where they must show allegiance. We remind them that all this has consequences on society because it creates a divisive social environment at all levels, in the Academy and in broader society. We do not want this to happen in continental Europe and so we refuse the promotion of identitarian tribalism. As a final point, signatories of the manifesto have also been threatened and one of the scholars is, at present, under police-protection.

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Point 3: The scholars involved in this manifesto have readily sacrificed their credibility in order to further a manifestly false conflation between the study of racism in France and a politics of 'Islamism’ and ‘anti-white hate’. They have launched it in a context where academic freedom in France is subject to open political interference, following a Senate amendment that redefines and limits it to being ‘exercised with respect for the values of the Republic’.

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Reply: The signatories of the letter clearly think they can win an argument by simply looking down on accomplished academics who are internationally recognized and who publish their work in books and leading journals. Such a patronizing attitude is contemptuous and indeed shows a great misunderstanding of the situation. They even manage to reverse the stakes: academic freedom is threatened precisely by the movements within academia that want to stifle diversity of opinion and to attack the core values of a secular society. Reaffirming the values of the French republic is precisely what protects academia from viewpoint conformity and this is exactly what the state aims to, and must, protect.

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Point 4: The manifesto proposes nothing short of a McCarthyite process to be led by the French Ministry for Higher Education... The ‘Islamogauchiste’ tag (which conflates the words ‘Islam’ and ‘leftists’) is now widely used by members of the government, large sections of the media and hostile academics. It is reminiscent of the antisemitic ‘Judeo-Bolshevism’ accusation in the 1930s which blamed the spread of communism on Jews.

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Reply: This is insulting. It is also an example of strategic equivocation, reminiscent of the motte-and-bailey fallacy. Why on earth should one equate the Nazi ‘Judeo-Bolshevist’ label with the “islamo-gauchiste” tag?! To be fair to the signatories of the letter, it is more appropriate to call it “islamist-gauchiste”, but the underlying meaning is the same. Islamic fundamentalism is an enduring presence in France, with organizations promoting a separatist ideology trying to divorce well-integrated Muslims from the secular project of French society. There are many Muslims who are fully integrated, including cultural Muslims who do not believe in the religious doctrine as well as Muslim believers and imams who fully respect secular society, one in which they can freely exercise their religion. Conversely, however, there is – objectively – an alliance between extreme-left-wing movements that are opposed to an open and liberal society and Islamist activism. The “Parti des Indigènes de la République” is a case in point, standing as the main “islamist-gauchiste” movement in France. The former spokesperson of the movement, Hourija Boutelja, even endorsed Mohamed Merah, the 2012 jihadist killer: ‘Mohamed Merah is me and I am him. We are of the same origin and of the same condition. We are post-colonial subjects. I say tonight that I am a ‘fundamental’ Muslim’.[1] We remind the signatories of the letter that Merah killed not only French military men of Muslim ancestry but also Jewish children in a school in Toulouse. We draw a clear line between Islam and Islamism, the latter of which is a radical implementation of a doctrine. Unfortunately, it is estimated that a third of young people of Muslim ancestry in France assert their support for a fundamentalist Islamic doctrine. This is, at the very least, a subject of concern for France’s secular future.

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The Islamist agenda is, furthermore, promoted by foreign powers such as Turkey. President Erdogan himself, an objective ally of the Muslim Brotherhood, insulted President Macron and called him deranged. Raising the specter of “anti-Semitic witch-hunts” is another unworthy instance of rhetorical sophistry, a gratuitous insinuation that does not deserve further comment here, especially given the number of scholars within our ranks who specialize in the study of anti-Semitism.

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[1]: "Mohamed Merah c’est moi et moi je suis lui. Nous sommes de la même origine mais surtout de la même condition. Nous sommes des sujets postcoloniaux. Nous sommes des indigènes de la république. (…) Je dis ce soir, je suis une musulmane fondamentale."

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Point 5: We are concerned about the clear double standards regarding academic freedom in the attack on critical race and decolonial scholarship mounted by the manifesto. This is part of a global trend in which racism is protected as freedom of speech, while to express antiracist views is regarded as a violation of it. For the signatories of the manifesto – as for Donald Trump – only sanitised accounts of national histories that omit the truth about colonialism, slavery, and genocide can be antiracist. In this perverse and ahistorical vision, to engage in critical research and teaching in the interests of learning from past injustices is to engage in ‘antiwhite racism’, a view that reduces racism to the thoughts of individuals, disconnecting it from the actions, laws and policies of states and institutions in societies in which racial and socioeconomic inequality remains rife.

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Reply: The rhetoric here is truly obnoxious in its blatant use of a perverted misrepresentation of reality. In France, racist language is NOT protected under freedom of speech so this much strikes us as surreal, while also questioning the grasp of world-knowledge of the Open Letter signatories. There is no demand for a ‘sanitized’ account of French national history or of French culture in our Manifesto. Claiming otherwise is clearly intended as a smear. Of course, slavery, colonialism and genocide are studied in history classes, as well they should be. However, critical race theory (CRT) and decolonial scholarship is another matter. CRT is an outgrowth of applied post-modernism connected to political activism. It is not what a sound theory should look like; ‘learning from past injustices’ is not the basis of a scholarly method. Decolonial scholarship is a deconstructionist device used to attack every accomplishment of Western society in literature, art, music, and even science. Talk about ‘perverse ahistorical vision’!

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The implicit statement of the letter is that racism is systemic at every level of society, a notion which we completely reject. Racism is clearly condemned in law in France and it is a non-starter in French culture. There’s no need to fall for Ibrahim X Kendi’s overly simplified duality trap of racist vs antiracist. The new-age anti-racists just promote a form of tribal and racist world-view. We completely reject the terms coined in the newspeak, such as ‘white privilege’, ‘white fragility’, ‘present-day white supremacy’, and various absurdities such as ‘cultural appropriation,’ which are completely devoid of any scholarly basis. By the way, hinting at Donald Trump is another rhetorical smear aimed at painting an unpleasant picture of our manifesto. We fail to see the remotest connection between the 45th President of the US with our positions or with the topic at hand.

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Point 6: In the interests of a real freedom, of speech and of conscience, we stand with French educators under threat from this ideologically-driven attack by politicians, commentators and select academics. It is grounded in the whitewashing of the history of race and colonialism and an Islamophobic worldview that conflates all Muslims with violence and all their defenders with so-called ‘leftist Islamism’. True academic freedom must include the right to critique the national past in the interests of securing a common future. At a time of deep polarization, spurred by elites in thrall to white supremacism, defending this freedom is more vital than ever.

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Reply: This is a blatant example of intellectual dishonesty, a frequent behavior among academics subscribing to the activist-antagonists school of thought. They are inventing the notion that there is rampant whitewashing of the history of race and colonialism. The Islamophobia tag is yet another rhetorical device aimed at conflating the critique of a fundamentalist doctrine that aims to abolish secular society with people exercising peacefully their religion in a secular society. It is a disgrace and infuriating to the memory of all the people who died at the hands of Islamist terrorists in France. True academic freedom must include the right to criticize and oppose incoherent activist theories that are dominant in the academic field. As the number of signatories implies, it appears that those who subscribe to these activist theories are far from being a minority, contrary to what they would have us think under the guise of a PC consensus. Moreover, these activist theories are contributing to discord within society. It is not the case that white supremacists are presently the main problem in Higher Education; rather, the theories promoting a divisive ideology by well-paid academics from the regressive left are. There seems to be a fight for the soul of the left whose definition is seriously endangered by such a movement. We are hoping to make those ideological stakes clear.

Université, idéologie et médias

Université, idéologie, médias : réponse aux contre-tribunes par Yana Grinshpun

            

Par Yana Grinshpun

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Il n’est pas étonnant qu’un grand nombre d’intellectuels connus pour leur antisionisme virulent, leur légitimation indirecte de la violence terroriste, leur déresponsabilisation des meurtres commis au nom d’une religion « opprimée », aient crié à l’outrage à la publication du Manifeste des 100. Certains n’ont pas hésité à nous comparer à des antisémites, ce qui est assez cocasse vu l’implication active de certains parmi eux dans le mouvement BDS (campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël). D’autres considèrent que les signataires du manifeste sont des délateurs anonymes, nous comparant à ceux qui écrivaient à la gestapo[1] ou, par un réflexe pavlovien bien connu à l’Université, nous désignent comme l’émanation directe de l’extrême de l’extrême-droite.

L’avalanche de ces publications est un signe de panique. Nous avons protesté contre l’envahissement des chaires universitaires par la censure et la domination d’une idéologie séparatiste, fondée sur la victimisation de groupes sociaux, l’assignation identitaire à la couleur de la peau et au sexe, fussent-ils « socialement construits » ; les appels à « dé-blanchir et démasculiniser »[2] la science. La violence des contre-tribunes témoigne du refus de voir ou d’admettre ce qu’est devenue l’université.

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Pourtant, un grand corpus d’articles de revues scientifiques, de colloques, de journées d’études, de thèses soutenues au sein des universités françaises, des cours proposés au sein de toutes les disciplines, aisément consultables en ligne, témoignent de la présence massive de cette idéologie dans les facs. De même, les invitations de militants du PIR (Parti des indigènes de la République), la propagande insidieuse de salafistes reconnus se fait de manière décomplexée à Sciences Po Paris[3]. Il suffit de se balader dans les couloirs de n’importe quelle université pour être ébloui par les appels à la non-mixité, à l’exclusion des hommes blancs cis « dominants ». Cette idéologie dite « décoloniale », poussée à l’extrême, produit une pensée préfabriquée. Le sens des mots est dénaturé, la démagogie la plus criarde se trouve parmi les plus « progressistes ».

 

Islamo-gauchisme à l’Université 

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Plusieurs contre-tribunes s’interrogent sur le rapport de l’islamo-gauchisme avec les actes terroristes. Deux reproches se font entendre :

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  • L’islamo-gauchisme ne renvoie à rien de concret, c’est un fantasme de l’extrême droite ;

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  • Quand bien même un tel phénomène existerait, les terroristes qui commettent des meurtres n’ont pas été à l’université.

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L’islamo-gauchisme désigne l’alliance entre des mouvances de gauche qui se disent antiracistes et des mouvements islamiques qui convergent dans leurs objectifs de désintégration de l’État-Nation et de culpabilisation de l’Occident. Les propos de la sociologue Nacira Guénif-Souilamas, enseignante-chercheuse à Paris VIII mais aussi militante indigéniste, illustrent cette convergence[4]. Elle explique que les musulmans sont une minorité « opprimée », victimes du « racisme systémique » de l’État français et qu’ils doivent mener un combat contre les oppresseurs colonisateurs. Cet appel d’une universitaire médiatisée s’inspire de la rhétorique désireuse d’en finir avec la « domination » historique des « colons » du monde occidental. En témoignent de nombreux appels à « décoloniser » l’univers social dans lequel nous évoluons et qui serait trop « hesperocentré » (centré sur l’Occident).

 

Quant à l’idéologie et à son rapport avec des actes terroristes, on sait bien qu’aucun idéologue ne prend une hache pour couper des têtes. Le pire parmi les idéologues islamistes aujourd’hui, l’imam Youssef Al-Qaradâwî, figure centrale de la confrérie Frères Musulmans, n’a jamais tué personne lui-même, mais il soutient les mouvements terroristes qui visent à la destruction de l’Occident. Ce sont les discours qui produisent l’idéologie, qui légitiment les actes violents, qui proposent une vision révisionniste de l’histoire, culpabilisent l’Occident, dédouanent les meurtriers de leur responsabilité en inversant les rôles. Ce sont les discours idéologiques qui font des victimes bourreaux et des bourreaux victimes. C’est cette idéologie victimaires qui prétend « libérer » les « racisés » des blancs, les femmes de la « domination » masculine, les immigrés de la population française colonisatrice qui serait, selon ces analystes, essentiellement à droite[5]. Tous les universitaires connaissent la domination de ces discours qui ont envahi les sciences humaines et sociales, lesquelles se transforment sous nos yeux en chaires de victimisation et de repentance. La victimisation pratiquée par ces idéologies introduit dans les sciences sociales une cohorte de dichotomies simplistes : hommes oppresseurs /femmes opprimées, occidentaux oppresseurs / musulmans opprimés, colonisateurs arrogants / indigènes humiliés, Israéliens bourreaux / Palestiniens opprimés etc. L’attribution de ces rôles aux groupes désignés s’enseigne dans les départements de sociologie, histoire, littérature comparée. 

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Un certain nombre d’événements universitaires en témoignent :

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  • l’appel à soutenir Tariq Ramadan, signé par d’« éminentes personnalités universitaires », les mêmes qui nient toute existence d’alliance entre la pensée d’une certaine gauche avec les courants ouvertement anti-Occidentaux[6] ;

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  • la défense discrète des Frères Musulmans par Judith Butler, l’inspiratrice des « gender studies » ;

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  • le soutien aux régimes sanguinaires, comme celui de Morsi, d’Abbas ou d’Erdogan par les professeurs des universités qui enseignent en science politique ne sont que quelques exemples de la convergence de l’idéologie de gauche avec l’idéologie prônée par certains régimes terroristes, antisémites et sanguinaires;

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  • Le soutien tacite au mouvement antisémite BDS : L’invitation par le Collège de France de l’historien Rachid Khaldi, connu pour son activisme antijuif et son soutien ouvert au BDS, pour une série de conférences « Les Etats-Unis et la Palestine » ; les invitations de la grande figure de la « pensée décoloniale », le philosophe Achille Mbembé, par les universités françaises qui incitent les étudiants à suivre ses conférences sur les listes de diffusions[7] et par les médias comme France Culture. Ce philosophe est lui aussi membre du mouvement BDS, instigateur du boycott des collègues israéliens, signataire d’une pétition en 2010 [8] qui exige la rupture des liens de son université d’origine avec l’université Ben-Gourion. En 2018, Mbembe se vante d’avoir réussi à désinviter les collègues israéliens pour protester contre « l’occupation illégale » des « territoires occupées »[9].

 

Inversion victimaire et légitimation de l’islamisme

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Alain Badiou, le fondateur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine, a joué un rôle fondamental dans l’enseignement et la défense de la violence mais aussi dans la négativité du signe juif dont il montre une longue obsession[10]. Pour lui, la violence des Khmers rouges ou des terroristes palestiniens est justifiable. Il n’a pas hésité à qualifier Israël d’État colonial,  lieu commun des discours de l’extrême gauche qui convergent avec ceux des islamistes de tous bords. Or, le mot « colonial » vient du contexte européen ; le fait de le plaquer sur une réalité différente relève de la fraude historique. L’enseignement de la guerre d'Algérie a pris des tournures particulières en France : sont trop souvent dissimulées les violences commises contre les populations non musulmanes par le FLN. 

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A. Badiou explique également que les meurtres du 13 novembre 2015 ne sont pas liés à la religion musulmane malgré les revendications des meurtriers, mais que ce sont plutôt les inégalités sociales dont ils souffriraient qui en seraient coupables[11]. La question de la religion au nom de laquelle les meurtres sont commis n’est pas abordée. Or, tous ceux qui souffrent d’inégalités sociales ne tuent pas. Si tel était le cas, les meurtres se compteraient par milliers tous les jours. D’autre part, l’explication par « les inégalités sociales » ne tient pas la route, car il est bien connu aujourd’hui que les familles des meurtriers-terroristes ne sont pas des plus misérables. 

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Dans la même veine, le philosophe Jean-Luc Nancy explique que le camion lancé contre les enfants à Nice en 2016 donne une image insoutenable du… nihilisme[12]. Ni le mot « attentat », ni « islamiste » n’ont été prononcés alors même que l’attentat a été revendiqué par Daesh. On assiste à l’escamotage du coupable et à l’invention d’un coupable abstrait, le nihilisme, conceptualisé par le philosophe qui va jusqu’à masquer l’agent du meurtre de son récit. A l’instar de Badiou, Nancy propose que nous, les Occidentaux, nous en prenions à nous-mêmes. En gros, nous sommes coupables d’être tués. Les vraies victimes des  attentats seraient alors… Les terroristes. 

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Eric Hazan et Alain Badiou expliquent également, dans leur livre « Antisémitisme partout », qu’on peut comprendre l’hostilité des jeunes envers les juifs parce qu’ils s’identifient aux Palestiniens opprimés. Dans un article tout récent, l’anthropologue Alain Bertho[13] n’hésite pas à écrire que le tueur de Samuel Paty, Abdoullah Anzorov, est un « déraciné » qui a donné sens à sa propre vie ; il était, en somme, paumé, désespéré. Le meurtre devient donc la quête existentielle d’un paumé. Pas un mot sur l’éducation, la culture et la religion de ce personnage dont l’anthropologue universitaire ne sait que ce que qu’il a lu dans les médias. Le vrai coupable de cette tragédie, selon l’anthropologue, est « l’appréciation policière défaillante ». 

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Tous les attentats commis en France depuis 2003 le sont au nom de l’islam. Aucun n’a été commis par des individus se revendiquant de l’extrême-droite. En témoigne la parole des acteurs des meurtres qui disent pourtant clairement pourquoi ils les commettent[14]. Or, selon la logique de certains intellectuels, l’islam n’y est pour rien, il s’agit d’une quête de sens par les faibles, les déracinés, les perdus et les désespérés. Comme tous les meurtriers de ces dernières années étaient musulmans, l’islam devient, par une pirouette rhétorique victimaire, le synonyme d’une population opprimée et désespérée qui souffre des maux infligés par la société occidentale dominatrice. Toute réflexion sur la nature de l’islam est qualifiée de raciste, verrouillant ainsi la possibilité de comprendre l’ampleur du phénomène. Les intellectuels qui construisent ce genre de théories inspirées du post-marxisme victimaire et qui peuplent des chaires universitaires sont loin d'être ostracisés et sont même au contraire très médiatisés. Certains expliquent pompeusement que les élites françaises ont fabriqué le problème d’islam et que l’islamophobie est du racisme[15]. Le problème qui se pose est de savoir pourquoi, à chaque événement où des crimes sont perpétrés au nom de l’islam, certains intellectuels sont plus préoccupés par la sauvegarde de l’islam comme religion de paix que par sa critique. 

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La parole de ces intellectuels est audible tant à l’université qu’au sein de l’espace public. Leur déresponsabilisation des meurtriers par la référence permanente au culte victimaire rendu aux « opprimés », la recherche des coupables abstraits, comme le nihilisme ou le désespoir des victimes de la société « islamophobe » responsable des actes meurtriers, s’inspire du communisme post-moderne agressif. Leur rôle est celui de conditionner le public par le matraquage des mêmes messages. En effet, qu’est-ce qui fait que des jeunes « paumés » s’identifient aux Palestiniens « opprimés », aux défenseurs du Prophète, poseurs de bombes, égorgeurs et non pas aux poètes, ouvriers ou entrepreneurs ? Les hommes d’affaires de la victimisation offrent une explication répétitive et rhétoriquement habile qui se situe au carrefour idéologique post-marxiste et islamiste (« vous êtes les victimes du colonialisme impérialiste blanc » disent des mouvances de la gauche ; « vous êtes les victimes de l’Occident islamophobe et enjuivé » disent les islamistes). Ces répétitions, érigées en rang de théories explicatives, conditionnent la conviction suivante : les meurtriers sont des victimes. Merah, qui s’est identifié avec les Palestiniens, a très bien compris cette logique victimaire qui atténue, excuse et soutient l’islamisme. 

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Lorsque Mohammed Merah dit aux médias français qu’il tue les enfants juifs parce que les juifs tuent en Palestine, et que lorsqu’il tue les Juifs, son message « passe mieux » (voir les enregistrements publiés par Libération) certes, ce n’est pas en prenant des cours sur le féminisme islamique[16] à l’université qu’il l’a entendu, mais il l’a bien entendu dans les médias auxquels il s’adresse et dont il reproduit le discours pour être audible et pour être compris. L’acte de Merah, de Kermiche (qui a aussi expliqué pourquoi il commet le meurtre d’un chrétien, le père Hamel) est le fruit d’un positionnement politique et d’un discours idéologique, lequel est diffusé dans les médias et à l’université. 

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Lorsque Abdoullah Anzorov égorge Samuel Paty, c’est aussi parce qu’il vient d’une culture où le conflit entre les croyants et mécréants ne date pas d’hier et qui n’est pas lié à son « vide intérieur ». Les intellectuels, quand ils parlent d’un homme qui donne sens à sa vie en commettant un meurtre donnent sens à ses agissements en fonction de leur idéologie aveugle qui contient en germe les incitations à des actes meurtriers qui ne vont pas s’arrêter avec Samuel Paty.

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Décolonialisme à l’Université

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L’obsession raciale où on s’intéresse particulièrement à la mise au pilori de la « race blanche » a envahi non seulement la sociologie mais aussi la sociolinguistique, la psychanalyse, la philosophie. La « race blanche », « l’identité blanche »[17], fût-elle socialement construite, fait office de nouvelle figure de dominant qu’il faut culpabiliser et déconstruire. À titre d’exemple, citons ici Maxime Cervulle, spécialiste de la « blanchité » qui n’est rien d’autre que le masque de dominant : 

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« La problématique de la blanchité permet notamment d’introduire une conception relationnelle et systémique du pouvoir dans l’appréhension des rapports sociaux de race : il s’agit ainsi de contester l’idée selon laquelle les acteurs et actrices socialement perçu·e·s comme blanc·he·s échapperaient à l’emprise de la racialisation (Dyer 1997). Loin de tomber dans le piège de l’essentialisation, le concept de blanchité ne renvoie toutefois ni à un type corporel, ni à une origine définie, mais à un construit social aux modalités dynamiques par lesquelles, en certains contextes sociohistoriques, certains individus ou groupes peuvent être assignés (selon un processus d’allo-identification) ou adhérer (selon un processus d’auto-identification) à une ‘identité blanche’ socialement gratifiante (voir Ignatiev 1996). »

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Ce discours à prétention académique est une goutte dans l’océan d’écrits qui mettent en scène le blanc, coupable de tous les crimes de lèse-humanité. C’est ainsi qu’une historienne décoloniale, qui s’est étonnée dans une émission récente sur France Culture que le texte des cent disait à propos de l’omniprésence des catégories de blanchité, exprime son adoration[18] envers celle qui apparaît comme la sauveuse de l’Occident coupable par l’amour révolutionnaire, Houria Bouteldja. 

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Le concept de « blanchité », même si on essaie de le cacher par des pirouettes rhétoriques, renvoie au phénotype, à la couleur de la peau et a des relents de racisme primaire. Car c’est la blanchité qui donne des privilèges, selon les auteurs décoloniaux. Même s’il s’agit d’un SDF. Peut-on cesser d’être blanc ? Peut-on renoncer à sa peau ? Même après moult opérations esthétiques, on n’effacera pas le stigmate de la blanchité[19].

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Le prêche anti-occidental va de pair avec celle des islamistes et les décoloniaux. Il n’est pas étonnant qu’une historienne décoloniale, Ludivine Bantigny, déclare sa flamme à la propagandiste indigéniste Houria Bouteldja, laquelle déclare urbi et orbi s’identifier à Mohammed Merah. 

 

Antisionisme, néo-féminisme et l’Université 

 

La virulence antisioniste qu’on observe dans certaines universités[20] est propre à la fois au milieu de l’extrême gauche présent dans les médias et à l’islamisme[21]. Par exemple, au nom de la paix, Badiou propose d’oublier la Shoah pour ne pas offusquer les Palestiniens[22] ; il et sur ce point très soutenu par les discours d’Ahmadinejad[23].

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Le blâme permanent de l’Occident, auquel participent avec vigueur les chefs de file des théories féministes (par exemple, Judith Butler), va de pair avec l’inculpation de la culture occidentale, l’hostilité évidente à son égard[24] et le déni de l’inégalité existante entre les femmes et les hommes au sein de la culture islamique. Judith Butler n’hésite pas à parler des Frères musulmans comme d’un mouvement de masse révolutionnaire[25], sans faire référence aux textes fondateurs de ce mouvement qui appellent aux meurtres des juifs et à la prise de pouvoir en Occident. Dans le même texte où elle prend la défense des Frères musulmans, elle vilipende le sionisme et la fondation de l’État juif[26]. Il s’agit, soit d’une ignorance arrogante de la philosophe, soit d’une malhonnêteté intellectuelle. Le fondateur de ce « mouvement de masse », Hassan Al Bannah, affirmait que l’Islam est à la fois le Livre et le sabre[27]. Judith Butler est l’inspiratrice de la plupart des « écoles » dont les représentants occupent les chaires universitaires françaises et qui ne cachent pas leur présence aux manifestations pro-palestiniennes où, depuis 2014, le slogan « Mort aux juifs » est scandé impunément.

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Le professeur des universités Jean-Pierre Filiu n’a pas hésité d’exprimer son soutien au frériste Morsi et sa fascination devant l’islamisme « modéré » d’Erdogan[28] ainsi que sa critique violente et mensongère de l’État d’Israël.

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Les enseignants de la mouvance d’extrême gauche apportent leur soutien aux organismes qui entretiennent des liens étroits avec l’idéologie frériste : le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) et l’association islamiste Baraka City. Certains le font sur les réseaux sociaux, d’autres en parlent dans leur cours[29]

Ce sont des phénomènes concrets et idéologiquement patents. Victor Klemperer disait très justement que « les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps, l’effet toxique se fait sentir ». Le déconialisme, l’islamophilie, la nécessité de « déconstruire » l’Occident, le victimisme, les oppressions imaginaires gagnent avec la langue son moyen de propagande le plus puissant, le plus « public et le plus secret » [30].

 

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[1] Blog Médiapart, 7 novembre 2020 : « Lettre aux signataires du Manifeste maccarthyste », par Dominique Vidal.

[2] Regards.fr, 18 juin 2020 : « Françoise Vergès : « Le privilège blanc existe, même pour les plus pauvres. Il faut le déconstruire » ». Extrait : « Il faudrait que les Blancs veuillent se déblanchir, c’est-à-dire sortir de ce privilège et ne plus appartenir aux Blancs. » ; Calenda, 2 octobre 2020 : annonce du séminaire « démasculiniser les sciences humaines et sociales ».

[3] Page twitter de SalaamScPo. 

[4] Oumma.com, 23 octobre 2019 : « Nacira Guénif sur l’islamophobie : « Il n’est plus seulement question de résistance, il est question d’offensive ! » ». Extrait :  « Aujourd’hui, il s’agit de demander pourquoi est-ce que, depuis toujours, et particulièrement depuis 1989 – étrange date, à la fois bicentenaire de la Révolution et début d’une chasse aux sorcières, les sorcières étant ces femmes voilées, ces filles voilées que depuis lors on n’a cessé de conspuer, de chasser, de vouloir dévoiler contre leur volonté, et surtout de constituer comme l’ennemi intérieur d’une société française qui, sans elles, nous dit-on, serait particulièrement civilisée et accueillante… aujourd’hui, il s’agit de demander des comptes à toutes celles et ceux qui ont laissé faire depuis 1989, qui ont été lâches, qui n’ont pas voulu assumer les responsabilités qu’impose le fait de vivre en démocratie, le fait de faire son affaire de toutes les violations des droits, et le fait d’avoir laissé voter une loi liberticide, sexiste et raciste, pour faire culminer leur lâcheté et leur hypocrisie, en 2004. »

[5] Cairn.Info :  « Exit  « Français de souche ? De la prudence rhétorique à la prégnance idéologique ». Par Vincent Geisser, dans Migrations Société 2015/2 (No.158), p.3 à 18. â€‹

[6] Par exemple, Eric Fassin, Olivier Le Cour Grandmaison ou Edgar Morin qui ont contribué au déni du danger représenté par l’islamisme et qui ont excellé dans la victimisation. Voir notamment cette tribune d' E. Fassin : Libération, 16 juin 2016 : « Orlando : parlons d'abord de terrorisme sexuel". 

[7] University of London, Institute of Paris, 27 novembre 2020 : « Theory in Crisis Seminar - Achille Mbembe, « Notes on Brutalism » », diffusé par SAES2 (liste des anglicistes).

[8] Mail&Guardian, 24 septembre 2010 : « New pressure on UJ to sever Israel ties ». 

[9] WiSER, 27 novembre 2018 : « Statement from Sarah Nuttall and Achille Mbembe on « Recognition, Reparation, Reconciliation » Conference (Stellenbosch University) ». Extrait : « We let the organizers know this morning that we would have no option but to withdraw from the conference if a satisfactory agreement was not found between the Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) movement and the Organizing Committee. A short while ago, we were informed by the organizers that the Israeli speakers who were on the program have rescinded their participation at the conference and for this reason, we are open to participating in the conference. »

[10] Voir l’explication de F. Nef, Le Monde, 22 décembre 2005, « Le « nom des juifs » selon Badiou ». 

[11] Alain Badiou, « Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre » (Editions Fayard, collection Ouvertures, 2016). 

[12] Libération, 18 juillet 2016 : « Un camion lancé... », par Jean-Luc Nancy. 

[13] Regards.fr, 17 novembre 2020 : « Sommes-nous aux portes de la nuit ? ». Par Alain Bertho. 

[14] @Tchétchène_270 : « De Abdullah, le serviteur d’Allah, à Macron, le dirigeant des infidèles, j’ai exécuté un de tes chiens de l’enfer qui a osé rabaisser Muhammad ». Cité par exemple in Libération, 17 octobre 2020 : « L'assaillant de Conflans, un réfugié tchétchène de 18 ans « qui ne parlait pas beaucoup » ».

[15] Université Paris X Nanterre, onglet « Recherche, 26 septembre 2013 : « Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman »  ». . Par Abdellali Hajaat (sociologue et politisé, maître de conférences à l'université Paris-Ouest Nanterre La Défense) et Marwan Mohammad (Chargé de recherche au CNRS).

[16] Cairn.Info : « Féminisme-s islamique-s », Ismahane Chouder, Dans Confluences Méditerranée 2015/4 (No.95), p.81 à 90.​

[17] Cairn.Info : « La conscience dominante. Rapports sociaux de race et de subjectivation ». Par Maxime Cervulle, dans Cahiers du Genre 2012/2 (No.53), p.37à 54.​

[18] Séminaire Paroles d'Honneur avec Ludivine Bantigny et Houria Bouteldja (en ligne sur Facebook).

[19] Regards.fr, 18 juin 2020 : « Françoise Vergès : « Le privilège blanc existe, même pour les plus pauvres. Il faut le déconstruire » ».

[20] Appels à protester contre l’oppression des palestinien lors des AG (Paris III), le saccage du local de l’Union des étudiants juifs à Paris I en 2018, l’affaire Samuel Mayol à Paris XIII, les agressions de l’étudiant de médecine à l’université Paris XIII, fabrication des procès de l'islamophobie supposée du prof de sport à l’Université de Lille, etc. 

[21]Pour une analyse savante de la convergence des extrêmes, voir Pierre-André Taguieff, « L'islamisme et nous. Penser l'ennemi imprévu » (éditions CNRS, 2017). 

[22] Alain Badiou, « Circonstances 3, Portée du mot « juif » » (éditions Lignes & Manifestes, 2008).

[23] Courrier International, 1er juin 2006 : « Iran.Mahmoud Ahmadinejad, la bombe et l'Holocauste». 

[24] https://www.thecairoreview.com/midan/islam-and-gender/

[25] The Imminent Frame, Social Science Research Council (tif.ssrc.org), 1er avril 2011:  « Implicated and enraged: An interview with Judith Butler »

[26] Judith Butler : « Arendt was herself involved in public politics, actively defending notions of federated authority for Palestine in the 1940s, prior to the catastrophic founding of Israel on the basis of Jewish sovereignty in 1948. »

[27] “De la doctrine des Frères Musulmans, cité par G. Chaliand et A. Blin Histoire du terrorisme. « De l’Antiquité à Al Qaida » (Editions Bayard, 2004).

[28] La Croix, 28 novembre 2011 : « Quand l'islam entre en politique ». 

[29] Campus Vox, 30 octobre 2020 : « Sciences Po : controverse après des tweets polémiques d’un enseignant niant l’islamogauchisme ». 

[30] Viktor Klemperer, « LTI, la langue du Troisième Reich » (1947)

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