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Témoignages

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  • Témoignages de l'emprise de la nébuleuse islamo-gauchiste dans l'université, l'édition et les médias 

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Un universitaire de renom rend compte de deux expériences où il a pu constater à quel point la pression de cette idéologie est virulente et impitoyable. Il a souhaité ne pas signer ce témoignage pour ne pas nuire à ses interlocuteurs dans ces deux situations concrètes.

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Premier Exemple. En 2014, cet historien publie dans une grande maison d’édition parisienne, un ouvrage qui deviendra une référence. Il connaît bien son interlocutrice chez cet éditeur, qui a comme lui publié des articles dans une revue très bien diffusée nationalement. Elle est donc tout à fait compétente et considère que l’ouvrage est excellent mais elle « accroche » sur deux pages du manuscrit où l’auteur évoque l’islamisme dans les banlieues françaises. L’auteur ne souhaite pas supprimer le passage et insiste. Son interlocutrice finit alors par lui dire avec une gentillesse un peu douloureuse : «  vous ne pouvez pas écrire ça. Si vous l’écrivez, les journalistes ne verront que ça. Vous serez zemmourisé ».  C’était la première fois, rapporte-t-il, qu'on prêtait devant lui à Zemmour un tel honneur ou une telle indignité. Les deux pages ont été coupées, ne figurent pas dans le livre, mais ont fourni le début de la matière d’un autre livre publié deux ans plus tard chez un autre éditeur. Depuis, son amie ne s’est plus jamais manifestée, et il ne publie désormais plus chez cet éditeur, bien que celui-ci ait par ailleurs racheté les droits de son dernier livre pour sa collection poche. 

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Deuxième exemple. En septembre 2016, à la suite d’un attentat qui se révéla être terroriste islamiste, une chaîne d’informations en continu demande d’intervenir à cet universitaire. La jeune journaliste au bout du fil qui est sur le point de lui envoyer un taxi, lui demande l’orientation générale de ce qu’il compte dire. Il lui répond qu’il ne s’agit pas d’un acte individuel, ou du moins que cet acte individuel est pris, comme l’abeille dans l’ambre, dans un climat général qui sourd des banlieues, et dans un discours politique, voire historique construit... La jeune journaliste l’interrompt et lui dit brusquement qu’elle le rappelle. Elle lui envoie un SMS un quart d’heure plus tard lui annonçant : « Non, décidément, le sujet a été ré-anglé, ce ne sera pas pour cette fois mais je conserve votre adresse ».... L’universitaire lui demande par SMS : « Ah, je n’ai pas donné les bonnes réponses?' ». Réponse : « Non ce n’est pas ça mais nous cherchons finalement un spécialiste de la jeunesse (psychologue ou sociologue) plus que de l’islam ». Manifestement, les terroristes ne doivent pas être présentés comme des ennemis, mais plutôt juste des déséquilibrés, des malades... »

 

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  • À Sciences Po Paris

 

« Sciences Po n’est certainement pas à compter parmi les principaux pôles de diffusion de l’islamo-gauchisme et de la pensée décoloniale, mais n’en est pas pour autant épargné. Après y avoir étudié cinq ans puis intégré le programme doctoral, je peux témoigner d’une infiltration fulgurante de l’idéologie au cours de ces dernières années. Il y a sept ans, ces préoccupations ne touchaient qu’une frange militante d’extrême gauche. Désormais, le vocabulaire de ces militants est repris par beaucoup d’étudiants, de nombreux doctorants mais aussi par un certain nombre de chercheurs. Je voudrais rendre compte ici de quelques événements dont j’ai été le témoin, et qui me semblent révélateurs du changement d’atmosphère à Sciences Po.

 

En 2016, en tant qu’étudiant, j’ai assisté à la création de réunions militantes non-mixtes lors des manifestations contre la « Loi travail ». Non-mixtes, c’est-à-dire uniquement interdites aux hommes blancs. La même année, j’ai vécu l’organisation d’un « Hijab Day », dont l’objectif était d’encourager les non-musulmans à se voiler lors d’une journée pour vivre la violence de leur stigmatisation. Réaction immédiate des médias, indifférence profonde du corps étudiant.

 

Quelques années plus tard, j’assiste à un séminaire doctoral. Un doctorant présente ses travaux sur la démocratie radicale, déjà largement remaniés pour intégrer une dimension « progressiste » (ajout d’une femme noire dans le corpus). Commentaires de deux doctorants : le corpus est encore trop blanc, trop masculin, la thèse n’est pas assez militante. Plus dérangeant encore : dans le groupe informel de discussion en ligne entre doctorants, on ne compte plus les appels à se joindre aux manifestations menées par la famille Traoré. En revanche, rien sur les récentes agressions islamistes, rien sur le meurtre de Samuel Paty. Tous les doctorants du groupe n’adhèrent probablement pas à ces appels, mais restent comme moi dans la discrétion, voire dans le silence. 

 

Également chargé d’enseignement, j’ai pu constater la diffusion de cette idéologie parmi les étudiants. En corrigeant des copies sur un sujet de philosophie, j’ai eu la surprise de lire quelques textes sur la honte d’être blanc. Lors d’un séminaire (critique, s’il est besoin de préciser) sur la « pensée réactionnaire », j’ai vu une élève refuser publiquement de faire les lectures obligatoires d’une séance sous prétexte que ces textes seraient « oppressifs ». Enfin, lors de mon propre TD d’introduction à la pensée politique, j’ai proposé un sujet sur la laïcité et le voile à l’école. La majorité des élèves ayant choisi ce sujet a soutenu que la laïcité française témoignait d’un véritable néocolonialisme, et que l’interdiction du voile était un abus quasi-fasciste de l’État. »

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  • « Des savoirs sous influence »

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« Dans mon université, plus particulièrement en sciences sociales, le poids d’une certaine idéologie se fait sentir par sa présence permanente et univoque sous forme de tags, tracts, discours d’évidence… Il n’y a généralement pas de violence explicite, pas d’adhésion majoritaire non plus, je pense, des collègues ou des étudiants à la doxa ambiante, mais ce qu’il faut bien appeler une hégémonie culturelle, qui est l’inverse de la liberté de pensée et de parole que l’on attend dans une enceinte universitaire. 

 

En effet, une idéologie (dans le sens marxiste du terme) devient l’air que l’on respire et pense à notre place. Personne n’ose la contredire de manière trop forte devant un public non sûr sous peine d’être marginalisé. Dans certains départements, cette idéologie, baptisée « savoirs critiques » est présentée comme une vérité scientifique. Certains collègues eux-mêmes se servent de leur enseignement pour instituer cette idéologie comme discours d'autorité et incitent leurs étudiants à s’engager politiquement à leurs côtés, car l’université y est vue comme un lieu de mobilisation contre l’injustice du monde. La confusion entre recherche et militantisme est alors complète. Dans ce contexte, une minorité agissante possède un fort pouvoir d’intimidation qui rappelle d’autres époques où les intellectuels français se sont fourvoyés dans les combats les plus honteux, sous prétexte d’émancipation. Hier comme aujourd’hui, «  il ne faut pas désespérer Billancourt », ou plutôt, «  il ne faut pas désespérer le 11e arrondissement de Paris ».

 

Je tiens l’essentiel du pire de seconde main, car je n’en ai pas été témoin directement (étudiante « blanche »  prétendant interdire en TD à un autre étudiant «  blanc »  de s’exprimer sur la question de la traite, car seuls les «  noires » pourraient en parler… syndicalistes UNEF qui tiennent les tribunes des AG pendant les mouvements et qui prétendent répartir la parole entre «  blancs »  et « racisés » et proclament de temps en temps qu’il y a trop de «  blancs » qui prennent la parole…). 

 

Ce dont j’ai été directement témoin, ce sont des collègues de mon département qui m’ont dit explicitement craindre que nous soyons collectivement étiquetés « de droite », ce qui semblerait à leurs yeux une catastrophe qui pourrait avoir des conséquences néfastes pour notre collectivité (je pense que le département est à 90% de « gauche » , mais modéré ; être de « droite » , c’est ne pas souscrire sans restriction à tout ce qu’écrit Médiapart). En une autre occasion, et cette fois en réunion, une collègue qui siège dans les conseils centraux nous a dit explicitement que nous risquions de perdre des postes, car nous étions jugés « élitistes » et pas assez « progressistes », mais elle traduisait évidemment un sentiment, pas des déclarations explicites. Un symptôme encore : un étudiant un peu âgé, soucieux d’insertion professionnelle, qui s’inscrit avec moi en M1. Lorsque nous discutons sujets, il me demande assez vite s’il doit travailler sur une « approche décoloniale ou queer ». Lorsque je lui demande si cela l’intéresse et si c’est ce qu’il veut vraiment faire, il me répond qu’il ne souscrit pas du tout à ces approches, mais qu’il a l’impression qu’il y a une forme d’obligation à travailler sur ce type de sujets pour être crédible et espérer trouver un débouché…»

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  • Dans une université de région

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« On voudra bien m’excuser pour l’anonymat, mais je suis un peu trop jeune et je gagne encore trop modestement ma vie pour m’offrir le luxe d’un suicide professionnel (ceci en réponse à certaines critiques sur l’âge des signataires).

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Certains de nos collègues contradicteurs nient l’existence de l’islamo-gauchisme, et prétendent que nous sommes incapables d’en donner une définition. Il me semble au contraire que l’islamo-gauchisme, quel que soit le nom qu’on lui donne (1), correspond à une réalité parfaitement identifiable. Il consiste à considérer tous les musulmans comme les nouveaux « damnés de la terre » et à détourner le regard de « l’islamisme » pour pointer du doigt « l’islamophobie ». Le discours de victimisation qui caractérise l’islamo-gauchisme s’inscrit dans la logique néo-marxiste de critique de la « domination ». Le paradigme de la « domination » a divers champs d’application mais il trouve aujourd’hui son terrain de prédilection dans les mouvements décoloniaux importés des États-Unis, où la lutte des classes a été remplacée par la lutte des races. Ces mouvements font actuellement de l’entrisme dans les universités, entrisme dont profitent à l’occasion les islamistes. 

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Bien entendu, aucun islamo-gauchiste ne revendique des accointances avec les terroristes islamistes, même si certains groupes, hors de l’université, entretiennent à ce sujet un discours passablement ambigu. En général l’islamo-gauchisme se démarque clairement des actions islamistes. Mais il s’en démarque avec une certaine gêne, en prenant bien soin de ne pas nommer l’islamisme, préférant utiliser des mots comme « fanatisme », « acte odieux », « assassinat abject » (2). On peut parler de déni, ou d’aveuglement – au choix. 

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L’islamo-gauchisme utilise une grille d’analyse marxiste qui interdit de voir le problème autrement que sous l’angle social. La violence islamiste y est dé-corrélée de son support idéologique et mise sur le compte des injustices sociales, des discriminations, voire d’un racisme « structurel » ou racisme d’État, de sorte que les sociétés occidentales auraient elles-mêmes enfanté le monstre qu’elles prétendent combattre. Les marxistes, les « décoloniaux » et les divers « intersectionnalistes », bien présents dans certains nos départements de sciences humaines et sociales, s’entendent sur les causes du problème et convergent dans leur condamnation globale du modèle occidental. 

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Si l’islamo-gauchisme prend rarement la forme « dure » d’une complaisance affichée, il existe en revanche un islamo-gauchisme « soft » qui a pour principe la loi du silence : il ne faudrait surtout pas désigner les choses par leur nom, car cela reviendrait à « mettre de l’huile sur le feu » et, pire encore, à faire « le jeu de l’extrême droite ». On connaît les dégâts causés par cette loi du silence dans nos établissements d’enseignement secondaire. En limitant le plus possible la connaissance et l’évaluation des dangers qui nous menacent, en neutralisant nos capacités de défense, cet islamo-gauchisme – qui ne veut surtout pas entendre parler de « territoires perdus de la république » (3) et voit partout de l’islamophobie – crée un terrain favorable à la progression du djihadisme et retarde toute possibilité de solution. 

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Il faut bien voir qu’en assimilant les musulmans à des opprimés, sans faire de nuances, l’islamo-gauchisme commet un amalgame qui se retourne au premier chef contre les musulmans eux-mêmes, contraints de canaliser une jeunesse à laquelle on a inculqué un ressentiment contre notre civilisation. Certains imams (4) réclament l’arrêt de cette victimisation qui alimente la soif de vengeance et profite en définitive aux tendances radicales de l’islam politique. On espère qu’ils seront entendus.

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L’islamo-gauchisme peut prendre, et prend souvent, des formes agressives : menaces, censure, intimidations : cela en toute impunité, car ceux qui se livrent à ces pratiques se proclament défenseurs des opprimés, donc agissent au nom du Bien. Je ne rappellerai pas l’espèce de « chasse à l’homme » dont un collègue historien fut victime en 2008, alors que le point d’interprétation jugé contestable aurait pu faire l’objet d’une controverse académique tout à fait classique. Depuis, de nombreuses atteintes à la sérénité du travail académique ont été constatées (voir sur cette page « preuves à l’appui » et « témoignages »), et, encore récemment, un sociologue interviewé sur une chaîne de télévision expliquait qu’il subissait des accusations d’islamophobie de la part de certains collègues, lesquels menaçaient aussi de s’en prendre à ses étudiants.

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En principe, ces pratiques ne devraient pas exister. La liberté académique devrait être totale et l’université devrait se composer de savants et d’experts, non d’idéologues. Les facultés ne devraient pas être politisées, les enseignants-chercheurs ne devraient pas diffuser leurs opinions politiques dans l’exercice de leurs fonctions et les présidents d’université devraient s’abstenir de donner des consignes de vote à la veille d’un second tour d’élection présidentielle. 

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Les études décoloniales me paraissent avoir toute leur légitimité quand elles acceptent de se soumettre aux critères de la recherche scientifique ; le problème est qu’aujourd’hui, comme nous le constatons régulièrement, certains travaux de médiocre qualité bénéficient d’une caution institutionnelle pour des raisons qui tiennent plus à des sympathies idéologiques qu’à des exigences de rigueur et de probité. 

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Certains collègues qui ont signé la « contre-tribune » nous accusent de diviser la communauté universitaire, dans une période où nous devrions être unis. Je pense pour ma part qu’il vaut mieux une franche division qu’un consensus factice reposant sur des craintes, mais je comprends que nos contradicteurs soient attachés à une unité qui s’est toujours faite autour d’eux, et je conçois que toute ébauche de pluralisme leur apparaisse comme un crime de lèse-majesté, forts de la conviction, acquise depuis les années 60, qu’ils ont vocation à dominer sans partage le champ intellectuel. 

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Certains, de bonne foi, jugent la phrase de M. Blanquer méprisante parce qu’elle jetterait l’opprobre sur l’ensemble de la communauté universitaire. Ce qui tend à discréditer cette communauté, c’est bien plutôt, me semble-t-il, la confusion que certains entretiennent entre leur position institutionnelle et leur engagement politique, au nom de la prétendue infaillibilité de leur autorité morale.  

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D’autres supposent que le ministre aurait monté une opération de diversion pour faire oublier les réformes qui se mettent en place (LPR, suppression du CNU, réforme des INSPE, etc.). Ils prétendent que les signataires de cette tribune seraient ses complices. En ce qui concerne les intentions réelles ou supposées du ministre, je ne suis pas dans le secret des dieux, je n’ai donc pas de réponse à leur faire. En revanche, il me semble que l’on peut approuver une phrase d’un ministre sur un problème précis sans que cela signifie un accord global avec l’ensemble de sa politique ou un soutien à des réformes sur lesquelles les avis peuvent évidemment être extrêmement divers. Ceux qui défendent cette interprétation « complotiste » de notre tribune devraient se renseigner un peu ; ils constateraient que la tribune que nous avons signée, loin d’être liée à l’agenda politique du moment, s’inscrit dans la continuité d’actions antérieures dont les premières remontent à plusieurs années (5). 

 

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(1) L’expression s’est installée dans les années 2000. À l’origine elle renvoie au rapprochement esquissé, lors des forums sociaux mondiaux de Porto-Alegre, entre altermondialistes et islamistes, sous la bannière de l’anti-impérialisme. Sur l’usage de ce terme, je renvoie aux précieuses analyses de Pierre-André Taguieff. Certains de nos contradicteurs essaient de disqualifier cette expression au motif qu’elle leur fait penser à « judéo-bolchevisme ». J’avoue que, malgré cette ressemblance morphologique, le parallélisme ne m’avait jamais effleuré, pas plus que la possibilité d’établir un voisinage entre « social-libéralisme » et « national-socialisme ». Je remercie donc nos aimables contradicteurs d’avoir attiré mon attention sur ces subtilités linguistiques. 

 

(2) Modèle du genre, le communiqué la FERC-CGT rédigé au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, évitait soigneusement toute référence à l’islamisme, mais appelait en revanche à « soigner les fractures d’une société minée par les inégalités sociales et les discriminations ». On peut s’interroger sur le sous-entendu : faut-il comprendre que l’assassin avait été victime d’un système profondément injuste et discriminatoire ? J’avais compris, pour ma part, qu’il avait bénéficié de la générosité de l’État français, mais comme nos collègues contradicteurs éveillent en moi des doutes (voir note ci-dessus), je vais poursuivre mes investigations à ce sujet.

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(3) Je fais bien sûr allusion à l’affaire Georges Bensoussan, attaqué en justice par le CCIF, mais accusé de racisme d’abord par des militants associatifs et des chercheurs, avant d’être relaxé par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Quand on se penche sur cette affaire, et sur bien d’autres du même style, hélas trop nombreuses, on se demande de quel côté il faut chercher la volonté d’instaurer une « police de la pensée ». Ceci pour répondre aux accusations portées contre nous.

 

(4) Notamment Tareq Oubrou, au lendemain de l’assassinat de S. Paty.

 

(5) Voir, entre autres, le « Collectif de 80 psychanalystes » sur « la pensée décoloniale et le narcissisme des petites différences », ou encore « Le décolonialisme, une stratégie hégémonique », tribune dans laquelle on trouve déjà un certain nombre des présents signataires. Voir aussi les actions menées par « Vigilance universités », au mois de mai 2019, en soutien à notre collègue Philippe Brunet. J’en oublie certainement… »

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  • Sur le "vivre ensemble" à l’Université, face au séparatisme islamique

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« Enseignant en Sciences Naturelles dans une université du sud de la France, je n’ai pas à souffrir comme mes collègues des « humanités » des formes revendicatives et contestataires de la dérive pointée par le Manifeste des 100. Mais les étudiants "votent avec leurs pieds » d’une manière dont l’évolution est saisissante pour peu qu’on prenne un peu de recul. Dans notre domaine, l’enseignement par l’observation sur le terrain est crucial. Nous emmenons donc nos étudiants dans des environnements naturels de la France profonde, pour plusieurs jours, ce qui implique une vie en commun avec des repas partagés. Cela a toujours fait partie de la tradition des Sciences Naturelles et des bons souvenirs que tous gardent de leurs études.

 

Depuis plus de 25 ans j’effectue un stage de terrain avec un petit groupe de master, je les emmenais au pays de mes ancêtres montagnards et les initiais à ses richesses naturelles, mais aussi à ses traditions. Partager assis dans l’herbe face à un paysage bucolique, saucisson local, fromage de chèvre et syrah n’est pas à proprement parler un prérequis pour obtenir son master, mais fait partie du plaisir que je trouve à enseigner et que je croyais partagé par les enseignés. Le soir nous allions au restaurant, avec les plats du terroir. Il y a 25 ans j’avais 10-20% d’etudiants de culture musulmane, et il suffisait de demander un plat alternatif si du porc était prévu, d’avoir quelques boites de sardines pour le picnic, et tout allait bien. Au cours du temps on est passé de 10 à quasi 100% (enfin certains étudiants se déclarent observant des interdits musulmans pour avoir la paix dans le groupe) et nous avons abandonné la formule restaurant car trop compliqué de gérer le menu: ce n’est plus seulement le porc qui est interdit mais toute viande non certifié hallal et même la salade (à cause de la vinaigrette) et toute sauce est suspecte si elle ne sort pas d’un pot industriel style ketchup. La dernière fois que j’ai amené mon groupe au restaurant, au moment de l’apéritif Coca-Cola pour la grande majorité, un téléphone portable a lancé un tonitruant "Allah Akbar »: il s’agissait d’une application de prière. Nous étions seuls dans ce petit resto de village et j' étais mort de honte vis à vis des restaurateurs: l’attentat de la promenade des Anglais datait de deux mois. Dorénavant le stage se déroule sur une zone où le choc culturel est moins visible et où les fantômes de mes ancètres ne viendront pas me tourmenter.

 

Maintenant nous faisons des courses et les étudiants font la cuisine (enfin voir précision ci-dessous) selon leur gout. Cette année nous avions acheté comme protéines du poisson et des steaks de volaille. La plupart des steaks ont fini à la poubelle car il manquait l’estampille de contrôle par les autorités musulmanes. Il y avait deux filles, voilées évidemment, pour une grande majorité de garçons, et en fait de cuisine collective, uniquement les filles étaient aux fourneaux malgré nos admonestations pour un partage équitable des taches. Clairement certains garçons n’etaient en privé pas observant (l’un m’a proposé de boire une bière ensemble alors que nous étions seuls) mais la pression du groupe fait que les plus stricts décident pour tous.

 

Aujourd’hui je n’ai plus envie de faire cet enseignement et me retrouver ainsi à ne rien partager avec mes étudiants au dela du cours, et pourquoi pas finir agressé lorsque je consomme une charcuterie devant eux. D’autres collègues témoignent d’interventions sur le mode "ce n’est pas ça qui est écrit dans le Coran» ou bien «la réponse est dans le Coran, pas besoin de faire votre recherche scientifique" quand nous parlons de l’histoire de la Terre et de ses habitants à long terme. Le chemin parcouru depuis 25 ans est effarant, l’islam tolérant, la compréhension entre les cultures, etc., tout cela semble un souvenir du siècle passé, pratiqué seulement par les « vieux », comme nos collègues et amis de l’autre coté de la Méditerranée, avec qui nous avons partagé sur place le thé à la menthe et leurs propres traditions.

 

     La jeunesse même très éduquée n’est plus du tout sur cette longueur d’onde et est encline collectivement à suivre les consignes des islamistes (haro sur les homosexuels, les filles courts vêtues, les blasphémateurs, etc., ça je l’ai entendu à travers des conversations avec des doctorants). Quand on voit ce que de plus en plus nombreux jeunes en master et thèse ont dans la tête, on imagine le pire pour les jeunes peu éduqués. La guerre idéologique contre notre mode de vie et notre culture est bien déclarée et les troupes adverses sont nombreuses et collectivement déterminées au sein de l’université, même si les individus pris à part semblent raisonnables et ne font seulement que suivre le troupeau. Nous n’osons pas poser le problème auprès de notre hiérarchie: les syndicats et même la gouvernance nous volerons surement dans les plumes, en particulier car nos filières tournent en grande partie grace aux étudiants africains, musulmans pour la très grande majorité d’entre eux.

 

Signé: un enseignant qui préfère garder l’anonymat pour éviter les ennuis d’ici la retraite »

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  • Témoignage de Charles Coutel, professeur émérite des Universités, vice-président du Comité Laïcité République (novembre 2020)

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« À cette première mobilisation, défendant la puissance émancipatrice des savoirs et de la recherche fondamentale et appliquée, les humanistes auront à cœur d’ajouter une mobilisation contre l’entrisme de groupes obscurantistes au sein de certaines universités (notamment en sciences humaines et sociales) ; des associations, notamment d’étudiants, qui se présentent comme culturelles cherchent en fait à développer des pratiques cultuelles. On ne compte plus les cours perturbés par des appels directs à la prière sur les portables d’étudiants, ou encore le refus par des étudiants d’utiliser le mot « créateur » pour un auteur car ce mot serait réservé… à Dieu. Nous songeons ici à l’affaire de l’IUT de Saint-Denis (voir le site du Comité Laïcité et République). Ces groupes bien connus s’inspirent de vulgates sociologistes identifiant les individus à leur communauté ou à leurs croyances d’origine. La situation est encore plus grave au sein de certains Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPE) où, à l’occasion de « modules interculturels », un discours ouvertement antirépublicain et antilaïque se diffuse. Nous pensons que ces dérives peuvent et doivent être non seulement dénoncées mais combattues ; aux humanistes et aux républicains d’interpeller les ministères concernés et les instances scientifiques au sein de chaque établissement universitaire.

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La situation idéologique actuelle est très grave car tout se passe comme si une alliance tacite avait été conclue entre l’idéologie libérale et managériale officielle et les associations étudiantes dites culturelles, trop souvent en fait cultuelles. Trop peu se soucient de l’emploi précis des subventions accordées aux associations étudiantes. »

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« Le déni des pouvoirs publics n'a rien à envier à celui de l'université. Je m'en suis trouvé physiquement malade ! Après avoir vécu quinze ans au Moyen-Orient et côtoyé l'islamisme en Égypte, en Jordanie et dans les camps palestiniens, j'ai été nommé, en 2015, professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. J'y ai constaté qu'une partie de mes étudiantes portait un djelbab et que garçons et filles se séparaient spontanément en salle de cours. Je me suis senti rattrapé par mon objet d'étude ! La France est influencée par un phénomène régional plus large. Le film Le ciel attendra constitue, à ce titre, un véritable scandale ! Après que de jeunes Françaises se sont converties à l'islam sur leur ordinateur, la câlinothérapie est représentée comme l'unique solution pour mettre fin à leur violence. Nous avons perdu du temps et des ressources, faute d'avoir osé nommer le phénomène pour ne pas désespérer les banlieues et par crainte d'alimenter le discours de l'extrême droite. Finalement, ce sont les intellectuels et les fonctionnaires algériens, qui ont connu la décennie noire des années 1990, qui tiennent les propos les plus lucides sur des Français effrayés par le risque de stigmatisation. »

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Le Figaro, 20 septembre 2019 : FIGAROVOX/ENTRETIEN. « À Lyon 2, un étudiant dénonce une obsession pour les questions de genre et de race »Un ancien étudiant de licence en science politique dénonce la dérive militante de l’enseignement à Lyon 2, et l’obsession des enseignants pour le genre et la race. Il a fait l’objet de menaces à la suite de ses révélations.

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La Revue des Deux Mondes, mai 2019 : « Mauvais esprit ». Par Joseph Magne. 

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Vivre-ensemble et séparatisme islamiste
Témoignage de Charles Coutel
Audition de Bernard Rougier devant le Sénat
A l'université Lyon 2
A la Sorbonne
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